Située au nord du Kosovo, la ville de Mitrovica (ou Mitrovicë en albanais et Kosovoska Mitrovica en serbe) est une ancienne ville industrielle et minière. Elle est divisée en deux parties, séparée par la rivière Ibar. Au sud de la rivière se trouve le quartier majoritairement albanais et musulman (environ 65000 personnes), au nord se situe le quartier majoritairement serbe et chrétien orthodoxe (environ 15000 personnes). Au sud, l’alphabet est latin, la langue est l’albanais et la monnaie est l’euro. Au nord, l’alphabet est cyrillique, la langue est le serbe et la monnaie est le dinar (même les réseaux de téléphonie mobile sont différents). La ville reste ainsi le symbole des divisions communautaires qui persistent au Kosovo (et plus largement dans les territoires de l’ancienne Yougoslavie).
Lors de la déclaration d’indépendance du Kosovo en 2008 (indépendance de la Serbie), Mitrovica a connu un regain de tensions. Les serbes du nord ont refusé de suivre les instructions des autorités kosovares (albanaises). Les accords de Bruxelles signés en 2013 par les gouvernements serbes et kosovares visaient à une normalisation des relations entre ces deux pays (la Serbie n’a jamais reconnu l’indépendance du Kosovo, et considère toujours ce territoire comme serbe). A la suite de cet accord, les cours de justice kosovares devaient ouvrir à Mitrovica nord au 10 janvier dernier, puis au 17 janvier… mais selon une source à l’EULEX (la mission de l’Union européenne au Kosovo), il va encore falloir du temps (il y a notamment des problèmes quant à l’intégration des anciens juges serbes au cours kosovares, la Serbie n’ayant pas encore passé la loi sur le transfert de leurs traitements et pensions). En gros, c’est encore bien le bazaar. Fin décembre, la minorité serbe du nord a ainsi construit un mur en béton juste au bout du pont principal reliant les deux parties de la ville (un pont reconstruit grâce à un financement de la France), et les autorités kosovares ont ordonné sa destruction. Hier (14 janvier), la Serbie a réouvert une voie de chemin de fer et envoyé un train avec des passagers vers le Kosovo. Peint aux couleurs serbes, ils comportaient une inscription « Le Kosovo c’est la Serbie » traduite en 21 langues. Il a été arrêté à la frontière et obligé de rebrousser chemin. Aujourd’hui, il y avait d’ailleurs un rassemblement pro-serbe sur la place Lazar Hrebeljanović (du nom d’un prince des Balkans utilisé comme figure par les nationalistes serbes).
Niveau touristique, Mitrovica nord est proche du néant. Le quartier a hérité de la période de Tito d’une architecture soviétique des plus horribles. Seuls un monument dédié aux mineurs et une église orthodoxe sont finalement à voir. Mais si on aime le street art, il y a pas mal de graffs sympas un peu partout, il faut se balader entre les immeubles pour les trouver.
























Merci pour les photos. Ca a l’air follement gai la vie à Mitrovice ! Bon courage